Mondo Cane

MONDO CANE #3
"Dans information, il y a le mot informe" Jean luc Godard


                                 



 
La nécessité
 
Face à l'information en continu, la nécessité d'un besoin de justice dans un monde-déni-de-justice est la contradiction malheureuse qui génère le complexe historique de notre société. Le jeu des poids et des mesures étant sans mesure, c'est la démesure du monde, et son iniquité fondamentale qui s'octroie la plus grande part du réel.
Nous avons voulu répondre à cette actualité avec nos petits moyens.

Il faut dire et re-dire, entendre et ré-entendre la parole des puissants pour en concevoir toute la "vulgarité" comme le dit Pasolini, car cette vulgarité faite discours, se réalise pierre angulaire d'un système qui bien souvent nous étonne, alors que tous les prémices de cette vulgaire réalité, nous les avions devant nos yeux depuis bien longtemps, par la télévision, les publicités et autres pouvoirs de l'éphémère assassin.
Soit, mais pour en concevoir tout le sens, ou du moins pour pouvoir échapper à l'abrutissement que ce réel produit, à la « démocratie totalitaire » qu’il engendre, il faut aussi et surtout réinvoquer la poésie et le travail de ceux qui ne font pas mentir la langue ou la forme…



"Nous jouons contre l'hostilité contemporaine la carte de CLAIRE. Et si nous la perdons, nous jouerons encore la carte de CLAIRE. Nos atouts sont perpétuels, comme l'orage et le baiser, comme les fontaines et les blessures qu'on y lave."
 

René Char

 " Une image n'est pas forte parce qu'elle est brutale ou fantastique mais parce que l'association des idées est lointaine, lointaine, et juste "Jean-Luc Godard, JLG/JLG

 « Pendant des décennies, l’idéologie dominante était fondée sur l’idée que la misère engendre naturellement la criminalité, (…) cet angélisme continue d’ailleurs d’imprégner le discours d’une partie des élites françaises, je dis exactement le contraire, c’est la criminalité qui favorise l’exclusion. »
Nicolas Sarkozy, discours du 28 mai 2009

Klemperer n’est pas mort, son analyse de l’évolution de la langue durant la seconde guerre mondiale est d’une « universalité » étonnamment journalière.
« Les mots peuvent être comme de minuscules doses d’arsenic : on les avale sans y prendre garde, ils semblent ne faire aucun effet, et voilà qu’après quelques temps, l’effet se fait sentir. »
Victor Klemperer, L.T.I, la Langue du Troisième Reich

Mondo Cane #1, monde chien

Première session de travail, Juillet 2008

 


Une matière brute : l'art schizophrène de la lecture, le journal, jour après jour...
Si nous sommes parvenus à quelque chose dans cet atelier libre c'est bien à reconstituer un vrai brouhaha, non pas celui brouillé du monde mais bien le nôtre, celui de notre confusion éméchée face au monde.
 
Nos outils ont été ceux-ci : journal, papier, radio, la question du comment transmettre. Nous avons utilisé les chuchotements, le jeu du souffleur, des tubes de carton, micros, amplis...
Amer constat.
Seulement voilà, ces jeux broyaient les reliquats d'un monde déjà bien difficile à appréhender. Alors ils nous sont apparus trop futiles, la matière textuelle des journaux trop sèche,
comme trop circonstanciée à ce présent toujours en fuite. Il fallait réinvestir un autre type de parole, l’écriture qui sauve une tentative de lucidité, un autre type de vibration: la musique, qui sauve un archaïque besoin d'être avec.
La conscience est une eau qui demande son trouble, son abîme.


« Combien il est éhonté le mensonge de la POSTHISTOIRE en face de la réalité barbare de notre préhistoire.»
Heiner Müller, La blessure

Mondo Cane # 2, monde chien 

L'enregistrement, Novembre 2008



La musique prend le pas, nous dirige, nous et nos « pas », dans le marasme de l'actualité. Saxophone, clavier, guitare, tabla, un studio, où nous avons improvisé un montage (papier), balbutié quelques textes, filmé ce truc.
L’image est au bord de mourir toujours. Tout est à retravailler sans cesse. De l’enregistrement, nous avons gardé une ligne de musique, une rencontre et des images floues : des objets pas parfaits, pas finis, pas morts, un autre canevas pour un montage vidéo, des trous qui nous ont obligés à les imaginer.
Un bonheur de travail, « la joie des gens désespérés ».
On s’invite à une partie de foot avec le monde comme ballon, un ballon mou, on fume le cigare, on ne comprend pas grand-chose mais on porte la cravate… et on s’essouffle en courant..





 

 

Mondo Cane #3, monde chien

Une mise en forme, Août 2009


 Une grange, des rencontres avec des journalistes, des petits films, des textes qui s'imposent et l'actualité toujours en toile de fond. L'envie de porter la parole mortifère du pouvoir.
Tenter d'articuler tout ça, d'échapper à tout didactisme, et de rire aussi. Tenter le concert, la non-représentation.
Nous avons joué à Saint-Amand Roche Savine, village communiste s'il en est, dans une cave.
Après les gens parlent, discutent... et nous on désire... et on continue.

Rien n'est clos...





Matière textuelle/Mondo Cane #3


Pour le chant des dits « vaincus »:                        Pour la parole des dits « vainqueurs »:

    Samuel Beckett, Comment dire                             Eric Besson 
   Jean Baudrillard, Télémorphose                            François Fillon                           
   Heiner Müller, Hamlet Machine                              Christine Lagarde  
   Pier Paolo Pasolini, Meeting                                   André Daguin 
   Dario Fo, Appel                                                      Lawrence Summer
   Allen Ginsberg, Moloch                                          Lois sécuritaires 
                                                                                 "FondaMental", M.A Montchamps
 




Tu sais (...)
Que rien ne vaut la vie.
C'est pourquoi je ne voudrais que vivre,
même en étant poète,
parce que la vie s'exprime aussi par elle-même.
Je voudrais m'exprimer avec des exemples.
Jeter mon corps dans la lutte.
Mais si les actions de la vie sont expressives,
l'expression, aussi, est action.
Non pas cette expression de poète défaitiste,
Qui ne dit que des choses
et utilise la langue comme toi, pauvre,
direct instrument ;
mais l'expression détachée des choses,
les signes faits musiques,
la poésie chantée et obscure,
qui n'exprime rien sinon elle-même,
selon l'idée barbare et exquise
qu'elle est un son mystérieux
dans les pauvres signes oraux d'une langue.
 
Pier Paolo Pasolini, "Qui je suis"








  

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